Demandes d’asile dans l’Union européenne en 2021 : un quasi-retour au niveau pré-pandémie
Équipe plaidoyer de France terre d'asile - Publié le 17 mai 2022Une hausse de 33 % des demandes d’asile par rapport à 2020
Après une année 2020 marquée par la pandémie de Covid-19, le nombre de demandes d’asile est reparti à la hausse en 2021 au sein de l’Union européenne (UE). Ainsi, selon les données d’Eurostat, 630 550 personnes – dont 534 975 primo-demandeurs – ont sollicité une protection internationale dans les 27 États membres de l’UE en 2021, soit une hausse de 33,5 % par rapport aux 472 395 demandes recensées en 2020. Le nombre total de demandes d’asile dans l’UE en 2021 se rapproche ainsi du niveau d’avant la pandémie, alors que 698 760 demandes avaient été enregistrées en 2019.
Source : Eurostat
Une poignée d’États membres responsables de près des trois quarts des demandes d’asile dans l’UE
En 2021, près de 74 % des primo-demandes d’asile de l’UE ont été concentrées dans cinq États membres. Avec 148 175 premières demandes enregistrées en 2021, l’Allemagne demeure le premier pays de destination au sein de l’UE, et ce depuis 2012. La France arrive en deuxième position avec 103 790 demandes, suivie de l’Espagne avec 62 050 demandes. L’Italie et l’Autriche se placent ensuite dans le top 5 des pays de destination avec respectivement 43 900 et 36 725 primo-demandes.
Parmi les onze États membres comptant plus de 10 000 primo-demandeurs d’asile en 2021, une hausse significative des demandes par rapport à l’année 2020 a été enregistrée en Bulgarie (+ 215 % avec 10 890 demandes), en Autriche (+ 174 %), en Italie (+ 106 %), à Chypre (+ 88 %), aux Pays-Bas (+ 81,5 %), en Belgique (+ 51 %), en Allemagne (+ 44,5 %) et en France (+ 27 %). Bien qu’ils aient comptabilisé moins de demandeurs d’asile, certains pays ont également vu le nombre de demandes déposées sur leur territoire augmenter, à l’instar de la Lettonie (+ 300 %), de la Pologne (+ 313 %) et de la Lituanie (+ 1 402 %), notamment suite à la hausse des arrivées via la Biélorussie depuis l’été 2021.
À l’inverse, certains État membres ont connu de fortes baisses, à l’image de la Grèce (- 40 %), de l’Espagne (-28 %) et de la Suède (- 25 %).
Source : Eurostat
Ce manque de répartition équitable des demandeurs d’asile au sein de l’Union se vérifie également au regard du nombre de primo-demandeurs enregistrés par rapport à la population des pays d’accueil. Alors que dans l’ensemble de l’UE on comptait en moyenne 1 196 primo-demandeurs d’asile par million d’habitants en 2021, certains pays d’Europe ont largement dépassé cette moyenne. Tout comme en 2020, Chypre est le pays de l’UE qui a ainsi accueilli le plus de demandeurs rapporté à sa population (avec 14 799 primo-demandeurs par million d’habitants), devant l’Autriche (4 111) et la Slovénie (2 474). Comme en 2020, ce sont les pays d’Europe de l’Est qui ont accueilli le moins en 2021, notamment la Hongrie avec 4 primo-demandeurs par million d’habitants, suivie de l’Estonie (57) et de la Slovaquie (60).
Les Syriens, Afghans et Irakiens en tête des principales nationalités des primo-demandeurs
Les Syriens, les Afghans et les Irakiens ont représenté en 2021 près de 40 % des primo-demandes d’asile au sein de l’Union. La Syrie demeure ainsi le premier pays d’origine des primo-demandeurs d’asile, et ce depuis 2013. Elle est suivie par l’Afghanistan, dont le nombre de demandes a quasiment doublé par rapport à 2020, notamment suite à l’exode provoqué par l’arrivée au pouvoir des talibans en août 2021. En effet, si les demandes afghanes de protection internationale ont augmenté progressivement au cours des sept premiers mois de l’année 2021, ces dernières se sont fortement accélérées après l’arrivée des talibans, de sorte que près des deux tiers des demandes afghanes dans l’UE en 2021 ont été déposées entre août et décembre. L’Irak occupe ensuite la troisième place des primo-demandeurs suite à une augmentation de 60 % du nombre de demandes déposées par rapport à 2020, prenant ainsi la place du Venezuela.
Source : Eurostat
Une hausse de plus de 70 % des demandes d’asile de mineurs isolés étrangers par rapport à 2020
En 2021, plus de huit demandeurs d’asile sur 10 étaient âgés de moins de 35 ans. Les mineurs isolés étrangers, quant à eux, ont représenté 4 % du nombre total des demandes d’asile en 2021, avec 23 255 demandes d’asile déposées au cours de l’année passée. Ce chiffre, en hausse de 72 % par rapport à 2020, représente le niveau le plus élevé depuis 2017, lorsque 29 195 demandes avaient alors été comptabilisées. Cette hausse s’explique notamment par l’augmentation des demandes de mineurs en provenance d’Afghanistan (12 270 en 2021 contre 5 495 en 2020), de Syrie (3 765 en 2021) et du Bangladesh (1 350).
Une baisse continue des octrois de protection
Les autorités compétentes en matière d’asile des 27 États membres de l’UE ont rendu près de 720 400 décisions au total en 2021, dont 523 200 en première instance et 197 200 en appel. Ce chiffre est en baisse de près de 4 % par rapport à 2020 et représente le plus bas nombre de décisions rendues depuis 2014.
Une protection internationale a été accordée à près de 267 300 personnes au total dans l’Union en 2021 – 202 200 suite à une décision rendue en première instance et 65 100 en appel -, contre 281 055 personnes en 2020, soit une baisse de 5 % en une année. Le taux de reconnaissance – soit la part des décisions d’octroi d’une protection sur le nombre total de décisions –, est ainsi plus élevé pour les décisions en première instance (38,6 %) qu’en appel (33 %) au sein de l’UE.
Parmi l’ensemble des personnes ayant obtenu une protection en 2021, 134 200 se sont vues octroyer le statut de réfugié (50,2 % de l’ensemble des décisions positives), 81 100 une protection subsidiaire (30,3 %) et 52 000 une protection à titre humanitaire (19,5 %), applicable seulement dans certains États membres de l’UE.
Source : Eurostat
Les formes de protection octroyées font néanmoins l’objet de fortes disparités selon les États membres. Ainsi, à titre d’exemple, si les Afghans ont obtenu principalement le statut de réfugié en Espagne (dans 94,6 % des cas), ils ont bénéficié le plus souvent d’une protection subsidiaire en France et en Italie, et se sont vus généralement accorder une protection à titre humanitaire en Allemagne (dans près de 73 % des cas).
Source : Eurostat
La majorité des personnes ayant obtenu une protection internationale a été enregistrée en Allemagne (89 115 personnes, soit 32,8 % du total dans l’UE), puis en France (48 865, soit 18 %), en Italie (31 325, soit 11,5 %), en Espagne (20 510, soit 7,5 %) et en Autriche (18 780, soit 6,9 %).
La Syrie demeure en 2021 le principal pays d’origine des bénéficiaires d’une protection internationale, confirmant une tendance observée depuis 2012. 69 140 Syriens ont ainsi obtenu une forme de protection, soit près de 26 % du nombre total de protections octroyées au sein de l’UE. Les Afghans prennent la deuxième place (53 605 personnes), devant les Vénézuéliens (14 590 personnes), et les Irakiens (12 960 personnes).