Combien de personnes migrantes ont été interceptées en mer puis renvoyées en Libye depuis la signature du mémorandum d’entente entre la Libye et l’Italie en 2017 ?
Selon l’organisation Sea-Watch, au moins 185 000 personnes migrantes ont été interceptées en mer puis renvoyées vers la Libye depuis la signature d’un mémorandum d’entente avec l’Italie le 2 février 2017. Au terme de l’article 1 du mémorandum italo-libyen, l’Italie s’engage ainsi à « fournir un soutien technique et technologique aux institutions libyennes », permettant aux garde-côtes libyens d’empêcher les départs et d’intercepter les personnes en mer pour les renvoyer dans le pays.
Alors que les personnes continuent d’être exposées à de graves violations des droits humains dans le pays, l’accord a été automatiquement renouvelé pour trois ans supplémentaires le 2 février dernier. La Première ministre italienne Giorgia Meloni s’est par ailleurs rendue en Libye le 28 janvier dernier afin de signer de nouveaux accords, visant notamment à « renforcer les capacités et la coopération avec les autorités libyennes en ce qui concerne les services de garde-côtes », et à créer une « force opérationnelle conjointe chargée des flux migratoires ». Il a également été convenu que l’Italie fournisse cinq patrouilleurs supplémentaires aux garde-côtes libyens. Par ailleurs, une ébauche du projet « dossier d’action sur la Libye », circulant au sein du Conseil de l’Union européenne (UE), obtenue par Statewatch, révèle que l’UE souhaiterait renforcer la capacité des autorités libyennes à empêcher les personnes de quitter le pays par la mer.
En s’appuyant sur les conclusions d’un rapport de 2018 de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Libye, Statewatch indique pourtant que « l’interception des personnes en fuite en mer est suivie par l’utilisation du système de détention », géré par la Direction de la lutte contre l’immigration clandestine (DCIM) du ministère de l’Intérieur. Les personnes migrantes y sont « soumises à la torture et aux mauvais traitements à des fins d’extorsion ou de diverses formes d’exploitation (…) telles que le travail forcé, la prostitution forcée, la torture et l’enlèvement contre rançon ».
Article publié le 20/02/2023