En France comme en Allemagne, des associations et des villes qui ont accueilli migrants et réfugiés depuis 2015 souhaitent travailler ensemble, partager leurs expériences, et peser davantage sur les orientations des politiques publiques en Europe.
La question migratoire posée à l’Europe n’a pas reçu la réponse politique nécessaire. Les gouvernements ont réagi en ordre dispersé, chacun selon ce que lui dictait son histoire ou son intérêt national, souvent à la remorque d’une opinion laissée à elle-même devant des informations sur-médiatisées, désordonnées, rarement mises en perspective.
L’impuissance des institutions européennes est le reflet de cette impuissance des États membres. Comme eux, elles n’ont pu faire mieux que travailler à la surveillance et au durcissement des frontières, et chercher le secours des pays tiers, d’origine ou de transit.
Il en résulte un raidissement des politiques publiques d’accueil, des migrants comme des réfugiés, sensible dans tous les pays européens même si l’Allemagne de 2015 ne ressemble pas à la Hongrie de 2018. Ce raidissement exaspère en retour tous les défenseurs des droits et de la mobilité des migrants.
France terre d’asile et la fondation allemande Heinrich Böll ont pensé que, dans de telles circonstances, les organisations de la société civile, les villes et les associations qui travaillent de manière opérationnelle à l’accueil des étrangers en Europe, pouvaient se sentir fondées à « dire leur mot », non seulement sur leurs expériences, positives ou négatives, de cet accueil, mais aussi sur les enjeux politiques, démocratiques, qui s’y attachent. Elles y sont d’ailleurs encouragées par les experts et les chercheurs, qui s’organisent aussi pour dire leur mot et se faire entendre, notamment en Allemagne et en France.
C’est le sens de la rencontre organisée à Paris, à l’hôtel de ville, les 6-7 mars prochains, et de l’appel qui y sera lancé pour que cette initiative se prolonge ensuite à Berlin et dans d’autres places européennes.
Thierry Le Roy, Président de France terre d’asile