Danemark : « externaliser la responsabilité du traitement des demandes d'asile est irresponsable et contraire au principe de solidarité »
Charlotte Slente, Secrétaire générale du Conseil danois pour les réfugiésLe 3 juin, le Parlement danois a adopté une loi permettant le transfert des demandeurs d’asile dans des pays tiers durant le traitement de leur dossier. La Commission européenne, tout comme les organisations de défense des droits de l’Homme, condamnent cette mesure d’externalisation de la politique d’asile danoise, incompatible avec les dispositions européennes en vigueur. Dans une déclaration du 3 juin, Charlotte Slente, Secrétaire générale de l’ONG Conseil danois pour les réfugiés, dénonce une proposition « irresponsable et contraire au principe de solidarité ».
« L’idée d’externaliser la responsabilité du traitement des demandes d’asile est à la fois irresponsable et le signe d’un manque de solidarité. À plusieurs reprises, nous avons appelé les membres du Parlement danois à rejeter ce projet de loi. Des modèles similaires, à l’image du modèle australien ou des « hotspots » sur les îles grecques, ont entraîné de graves cas de rétention, d’agressions physiques, de lenteur des procédures d’asile, de manque d’accès aux soins de santé et d’accès à une aide juridique.
Il est également encore très difficile de savoir comment un éventuel centre d’accueil pourrait être géré dans un pays tiers, compte tenu de la responsabilité légale qui incombe au Danemark de veiller au respect des droits des demandeurs d’asile et des réfugiés et d’assurer leur protection. C’est également l’une de nos principales préoccupations concernant le projet de loi, qui a malheureusement été adopté sans examen adéquat. Le Parlement a en effet voté un projet de loi qui ouvre la voie à un modèle de traitement des demandes d’asile qui n’existe pas encore, et dont il ne connaît donc pas les conséquences. Cela signifie que le Parlement a voté sans connaissance de cause.
Par ailleurs, avec l’adoption de ce projet de loi, le Danemark envoie un signal extrêmement négatif et préoccupant de rejet de la solidarité envers les pays voisins de l’UE, et en particulier envers les pays pauvres, qui assument de loin la plus grande responsabilité pour l’accueil des réfugiés dans le monde. La bonne volonté et disponibilité des pays frontaliers des régions ravagées par les guerres ou les conflits, d’accueillir des millions de réfugiés n’est pas une chose à prendre pour acquise. Si un pays aussi riche que le Danemark n’est pas disposé à prendre ses responsabilités, il y a un risque important que les pays accueillant un nombre bien plus élevé de réfugiés se désengagent également et renoncent à participer à l’effort mondial nécessaire pour trouver des solutions communes et durables.
Enfin, en poursuivant cette idée, le Danemark ne fait rien pour répondre au besoin mondial croissant de protection. Ce projet de loi vise principalement à empêcher les demandeurs d’asile de déposer une demande au Danemark – une démarche qui n’est ni un acte de solidarité, ni une manière de contribuer à des solutions durables. »
Déclaration publiée le 08/06/2021 pour Vues d’Europe, publiée le 03/03/2021 sur le site officiel du Conseil danois pour les réfugiés.
Nota bene : la présente déclaration a été traduite de l’anglais par France terre d’asile. Son contenu reflète uniquement la position de l’auteur.