Demandes d’asile dans l’Union européenne en 2020 : l’impact majeur de la pandémie
Équipe plaidoyer de France terre d'asile - Publié le 10 mai 2021Une baisse de 33 % des demandes d’asile par rapport à 2019
La pandémie de Covid-19 et les restrictions de circulation qui y sont liées ont entraîné une baisse significative du nombre de demandes d’asile en 2020. Ainsi, selon les données d’Eurostat, 471 270 personnes (dont 416 630 primo-demandeurs) ont sollicité une protection internationale dans les 27 États membres de l’Union européenne, soit une diminution de 32,6 % par rapport à 2019. Il s’agit du nombre de demandes le plus bas observé depuis 2013, avec 400 515 demandes enregistrées cette année-là. 54 640 personnes ont déposé plus d’une demande d’asile au sein de l’UE en 2020, ce qui représente 11,6 % du total des demandeurs.
Source : Eurostat
Ce moindre nombre de demandes d’asile a toutefois permis aux États membres de réduire le nombre de dossiers en attente de l’ordre de 17 %. Alors que 765 700 demandes de protection internationale étaient en cours d’examen par les autorités compétentes en matière d’asile fin 2020, ces dernières s’élevaient ainsi à 928 900 fin 2019.
Les Syriens, Afghans, Vénézuéliens et Colombiens en tête des principales nationalités des primo-demandeurs
Comme en 2019, les principaux pays d’origine des primo-demandeurs d’asile dans l’UE des 27 demeurent la Syrie, suivie de l’Afghanistan, du Venezuela, de la Colombie et de l’Irak. Les Syriens représentent ainsi la principale nationalité des primo-demandeurs d’asile dans l’UE depuis 2013. Si leur nombre ne cesse de baisser depuis 2016, passant de 333 245 en 2016 à 63 505 en 2020, leur part dans le total des primo-demandeurs dans l’UE a toutefois augmenté, passant de 11,9 % à 15,2 %.
Source : Eurostat
5 États membres responsables de 80 % des demandes d’asile dans l’UE
Si le nombre de demandes d’asile dans l’UE a chuté en 2020, seule une poignée d’États membres continue d’être responsable de l’examen de la plupart des primo-demandes d’asile. 80 % des demandes d’asile de l’UE des 27 ont ainsi été concentrées dans cinq pays en 2020. Avec 102 525 demandes enregistrées, l’Allemagne a totalisé 24,6 % de l’ensemble des primo-demandes. L’Espagne arrive en deuxième position avec 86 380 demandes, suivie de la France avec 81 790, de la Grèce avec 37 860, et de l’Italie avec 21 200.
Source : Eurostat
Ce constat de déséquilibre au sein de l’UE se vérifie également au regard du nombre de primo-demandeurs d’asile enregistrés par rapport à la population des pays d’accueil. Alors que dans l’ensemble de l’UE on comptait en moyenne 931 primo-demandeurs d’asile par million d’habitants en 2020, les pays d’Europe du Sud comptabilisent des chiffres beaucoup plus élevés. Tout comme en 2019, Chypre est le pays qui accueille le plus de demandeurs rapporté à sa population (8 448 primo-demandeurs par million d’habitants), devant Malte (4 686) et la Grèce (3 532). À l’inverse, ce sont les pays d’Europe de l’Est qui accueillent le moins, notamment la Hongrie (9 primo-demandeurs par million d’habitants), devant l’Estonie (35), la Pologne (40) et la Slovaquie (49).
Des octrois de protection en légère baisse
En 2020, les 27 États membres de l’UE ont accordé une protection internationale à 281 035 personnes, contre 295 605 personnes en 2019, soit une baisse de 5 % en une année.
La majorité des personnes ayant obtenu une protection internationale a été enregistrée en Allemagne (près de 98 000 personnes, soit 35 % des décisions positives), en Espagne (51 000 personnes, soit 18 %), en Grèce (35 800, soit 13 %), en France (29 400, soit 10 %) et en Italie (21 300 soit 8 %).
La Syrie demeure le principal pays d’origine des bénéficiaires d’une protection internationale en 2020, confirmant une tendance observée depuis 2012. 74 725 Syriens ont ainsi obtenu une forme de protection, soit 26,6 % du total dans l’UE. Les Vénézuéliens arrivent en deuxième position (47 110 personnes), juste devant les Afghans (42 190 personnes).
Des disparités importantes de formes et taux de reconnaissance de la protection internationale
Tout comme en 2019, le taux de reconnaissance – soit la part des décisions d’octroi d’une protection sur le nombre total de décisions – est plus élevé pour les décisions en première instance (40,6 % sur un total de 522 225 décisions) qu’en appel (29,7 % sur un total de 232 815 décisions). Malgré ce taux inférieur, 69 210 personnes ont bénéficié d’une protection suite à une décision rendue en appel, ce qui représente une part significative sur l’ensemble des 281 035 bénéficiaires d’une protection en 2020.
Les taux de reconnaissance marquent toutefois d’importantes disparités selon les pays d’origine des demandeurs d’asile. Ainsi, si certaines nationalités bénéficient de taux de reconnaissance moyens élevés, à l’instar des Vénézuéliens (94 %), des Syriens (83 %), des Érythréens (77 %) ou encore des Yéménites (75 %), d’autres disposent de taux de reconnaissance extrêmement faibles, à l’image des Colombiens (2 %), des Géorgiens (3,5 %) ou encore des Albanais (5 %).
Les taux de reconnaissance varient également fortement en fonction du pays de destination des demandeurs d’asile au sein de l’Union, à savoir de l’État membre responsable de l’examen de la demande d’asile. Ainsi, les demandeurs d’asile afghans ont bien plus de chances d’obtenir une protection en Italie (93,8 %) qu’en Allemagne (52,1 %), ce qui illustre nettement le manque d’harmonisation des taux de reconnaissance au sein de l’UE.
Parmi l’ensemble des personnes ayant obtenu une protection en 2020 dans l’UE, 127 740 se sont vues octroyer le statut de réfugié (45,5 % de l’ensemble des décisions positives), 72 600 une protection subsidiaire (26 %) et 80 695 une protection à titre humanitaire (29 %).
Tout comme les taux de reconnaissance, les formes de protection octroyées font également l’objet de fortes disparités au sein de l’UE. Ainsi, si les États membres octroient principalement le statut de réfugié aux Syriens, à l’image de la Grèce qui l’accorde à 99 %, d’autres États, à l’instar de l’Allemagne, leur accordent majoritairement la protection subsidiaire. Les formes de protection attribuées aux demandeurs afghans sont davantage hétérogènes. Alors qu’ils obtiennent principalement le statut de réfugié en Autriche, ils bénéficient le plus souvent d’une protection subsidiaire en France, en Italie ou en Grèce, et ils se voient généralement accorder une protection à titre humanitaire en Allemagne.