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L’Italie anti-immigration de Meloni embauche massivement des ressortissants de pays hors-UE pour pallier la pénurie de main d’œuvre
Entre 2023 et 2025, 450 000 permis de séjour ont été accordés à des travailleurs et travailleuses étrangères pour combler la pénurie de main-d’œuvre dans divers secteurs en Italie. Le recrutement de ces personnes venues principalement d’Ukraine, des Philippines et du Pérou, s’effectue pendant quatre jours, pendant lesquels les entreprises ou familles qui souhaitent embaucher remplissent une demande en ligne. Le nombre d’entrées est établi par décret du ministère de l’intérieur pour des secteurs spécifiques tels que l’agriculture, l’hôtellerie-restauration, la santé et l’aide à domicile et à la personne. Pour l’année 2025, un quota de 181 450 entrées a été prévu. Cette politique de recrutement hors UE révèle le paradoxe italien. Malgré l’importante pénurie de main d’œuvre dans les secteurs clefs de l’économie et l’organisation d’une immigration de travail indispensable, le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni affiche une politique très hostile à l’immigration à travers la construction de centres d’externalisation de la demande d’asile en Albanie, la déclaration de l’état d’urgence en 2023 en raison d’une « hausse considérable » du nombre d’arrivées, ou encore un rapprochement avec les extrême-droites anti-immigration de toute l’Europe.
L’organisation du « retour volontaire » en Syrie par Chypre et l’Autriche
Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, les procédures de retour volontaire des personnes originaires de Syrie se multiplient à Chypre et en Autriche. À Chypre, 755 des 30 000 personnes syriennes présentes sur le territoire seraient volontairement retournées en Syrie depuis décembre. En Autriche, 440 séances de conseil au retour auraient été organisées et 80 personnes syriennes auraient déjà quitté le pays. Les autorités chypriotes et autrichiennes encouragent activement ces retours volontaires en prenant en charge un aller simple et en offrant respectivement 1 500 € et 1 000 € à toute personne qui accepterait ce retour. En cas de retour volontaire, la demande d’asile ou le statut de protection internationale sont révoqués. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) rappelle que les retours en Syrie doivent se faire à l’issue d’une « décision volontaire éclairée » et sans aucune forme de pression.
Les gouvernements espagnol et canarien s’accordent sur la répartition de mineurs isolés étrangers
La ministre de la jeunesse et de l’enfance, Sira Rego, et le président du gouvernement des Canaries, Fernando Clavijo, ont conclu un accord jeudi 6 février 2025 pour répartir 4 500 mineurs isolés étrangers sur le territoire espagnol. Les critères de répartition coïncident avec ceux précédemment établis par le ministère et les communautés autonomes lors de la conférence sectorielle de 2022. Ces critères tiendront compte de la population, du revenu par habitant, du taux de chômage ou encore des efforts d’accueil précédents de chaque communauté autonome. La répartition concerne donc 4 500 mineurs – 4 000 depuis les Canaries et 500 depuis Ceuta – dans l’objectif de « décongestionner » les dispositifs de prise en charge de ces territoires. Depuis le printemps 2024, la capacité d’accueil des centres pour mineurs isolés étrangers des îles Canaries est en effet largement dépassée. L’archipel a dû prendre en charge jusqu’à 6 000 mineurs, alors que la capacité d’accueil est limitée à 2 000 places. Depuis 2020, la route migratoire vers l’archipel est redevenue l’une des principales voies d’entrée en Europe.
Gel des financements américains : des conséquences néfastes pour les ONG humanitaires d’aide aux personnes migrantes
Dès son investiture le 20 janvier 2025, Donald Trump a signé un décret qui suspend les programmes d’aide étrangère des États-Unis pour une durée de 90 jours et démantèle l’Agence américaine pour le développement international (USAID).. Les Etats-Unis sont le premier contributeur mondial à l’aide publique au développement, et d’innombrables ONG, ainsi que des organisations internationales, sont concernées. Ainsi, le HCR a annoncé mettre en œuvre « une série de mesures de précaution temporaires pour atténuer l’impact lié à cette incertitude autour du financement ». Les États-Unis, premier contributeur du HCR, avaient promis 200 millions de dollars d’aide pour l’année 2025. Si un juge fédéral a suspendu le gel des fonds américains le 14 février, l’impact s’est déjà fait ressentir en Europe. Le Norwegian Refugee Council a annoncé la suspension de ses activités dans 20 pays et environ 80% des ONG actives en Europe de l’Est, notamment en Ukraine, et dans les Balkans occidentaux, ont été directement affectées par le gel de l’USAID, certaines ayant perdu la quasi-totalité de leur financement. Le Commissaire aux droits de l’homme de Conseil de l’Europe a appelé les États membres à soutenir la société civile et « l’architecture internationale des droits humains ».
Détention illégale d’un groupe de personnes sri-lankaises sur le territoire britannique de Diego Garcia dans l’océan Indien
Fin 2024, un juge britannique a jugé que la détention de 60 personnes exilées originaires du Sri Lanka sur la base militaire de Diego Garcia était illégale. Arrivées en 2021, ces personnes étaient les premières à déposer une demande d’asile au sein de cette base militaire étasunienne, sur un territoire isolé administré par le Royaume-Uni, dans les îles Chagos de l’océan Indien. Les demandeurs d’asile, dont 16 enfants, étaient logés dans des tentes militaires dans un camp fermé et ultra-surveillé, à des kilomètres de toute population, sans moyen de communication avec le monde extérieur. Les avocats de ces personnes ont dénoncé les conditions de vie indignes, ayant notamment conduit à des automutilations et des tentatives de suicide. Le groupe a été amené en décembre 2024 au Royaume-Uni, après plus de trois années passées sur la base militaire. Ce transfert est survenu alors que l’île Maurice s’apprête à exercer sa souveraineté sur l’archipel de 60 îles, après qu’une décision historique de la Cour internationale de justice a donné raison à l’île Maurice face au Royaume-Uni.
Présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne
À compter du 1e janvier 2025, la Pologne succèdera à la Hongrie et assurera la présidence du Conseil de l’Union européenne pendant 6 mois. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la sécurité est érigée en priorité absolue. Après le premier axe stratégique intitulé « défense et sécurité », on trouve la « défense des personnes et des frontières », portant l’objectif de réduire l’immigration irrégulière et de répondre aux « menaces hybrides », notamment l’instrumentalisation des personnes migrantes. Ces priorités font partie du programme commun élaboré en trio avec le Danemark et Chypre, qui prendront ensuite la présidence du Conseil. Dans ce cadre, la réforme de la « directive retour », notamment poussée par la Pologne et l’Italie, devrait bientôt être mise sur la table des négociations. D’après la lettre envoyée le 17 décembre par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, aux Etats membres, la proposition circulera avant le mois de mars. Elle comprendrait une nouvelle approche commune sur les retours, s’appuyant sur des « solutions innovantes », notamment l’externalisation de la procédure d’asile dans des « centres de retour ».
Les États membres préparent la mise en œuvre du Pacte européen sur l’asile et la migration
Suite à l’adoption du Pacte en mai 2024, les États devaient présenter leur plan national de mise en œuvre à la Commission européenne le 12 décembre, pour une pleine application du Pacte prévue en juin 2026. Seulement 14 États ont soumis leur plan, tandis que d’autres ont demandé à la Commission un délai supplémentaire. La Pologne, qui prendra la tête du Conseil de l’Union européenne en janvier 2025, estime que le Pacte présente « une menace pour la sécurité nationale », à cause de la proximité géographique avec la Russie et la Biélorussie, et fait partie des États n’ayant pas rendu leur stratégie. Dans plusieurs pays, notamment la France et l’Espagne, la société civile tente avec peine de faire entendre sa voix auprès des gouvernements, dans l’espoir de placer au centre des préoccupations le respect des droits et la dignité de la personne humaine.
Chute du régime de Bachar al-Assad et réaction des États ayant accueilli des réfugiés syriens
Au lendemain de la victoire des groupes rebelles sur le régime de Bachar al-Assad le 8 décembre, et alors que la situation en Syrie reste très instable, plusieurs États européens ont annoncé vouloir suspendre, plus ou moins radicalement, les procédures d’asile pour les ressortissants et ressortissantes syriennes. L’Autriche a eu la position la plus dure, annonçant préparer un programme d’« expulsion », tandis que l’Allemagne, qui a accueilli près d’un million de personnes syriennes en 2016, a annoncé suspendre l’examen des demandes l’asile. Face à ces réactions, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, la Commission européenne et le Conseil de l’Europe ont rappelé l’impossibilité de renvoyer des personnes en Syrie actuellement. Amnesty International et Human Rights Watch ont souligné la nécessité de continuer à respecter les droits des personnes syriennes ayant obtenu l’asile, en Europe comme au Moyen-Orient. La Turquie, terre d’accueil de 4 millions de réfugiés syriens, s’est préparée à ce que 20 000 personnes rentrent en Syrie chaque jour par les postes frontières.