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Durcissement de la politique migratoire de l’Allemagne
Depuis que l’immigration est à nouveau au cœur du débat public allemand, après l’attaque au couteau à Solingen qui a fait 3 morts, le 25 août dernier, le gouvernement socialiste a choisi de fortement durcir le ton et sa politique à l’encontre des personnes exilées. Paralysée par la progression de l’extrême droite dans les urnes, le gouvernement d’Olaf Scholz a mis sur la table un plan d’éloignement de personnes migrantes au Rwanda, similaire à celui qu’a abandonné le gouvernement travailliste britannique. Il permettrait de placer en détention des personnes avant de déterminer quel pays européen est responsable de leur demande d’asile. Le 16 septembre, la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser a annoncé le rétablissement des contrôles aux frontières, ce pourquoi elle a reçu le soutien des dirigeants d’extrême droite néerlandais et hongrois. Cette mesure attaque directement la libre circulation prévue par le règlement Schengen, est certains la perçoivent comme une menace pour « le projet européen dans son ensemble ». Dans le même temps, dans un contexte d’externalisation croissante de la gestion de la migration par les pays européens, le chancelier Olaf Scholz a signé de nouveaux accords migratoires avec le Kenya et l’Ouzbékistan pour attirer la main-d’œuvre qualifiée et faciliter les éloignements.
Refus de la Hongrie de respecter les règles européennes en matière d’asile
Le pays a été condamné par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) à une amende de 200 millions d’euros en juin dernier. La Cour reproche à la Hongrie de ne pas s’être mise en conformité avec le droit de l’Union en matière d’asile, notamment en matière de « procédures relatives à l’octroi de la protection internationale et au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier ». La CJUE estime ainsi que le comportement du pays « constitue une menace importante pour l’unité du droit de l’Union ». Alors qu’un délai de 15 jours accordé début septembre n’a pas non plus été respecté, le Premier ministre hongrois Viktor Orbàn a, par deux fois, menacé d’envoyer des personnes migrantes à Bruxelles. De son côté, l’Union européenne a décidé d’activer une « procédure de compensation » et de soustraire les 200 millions d’euros des fonds européens alloués à la Hongrie.
Loi polonaise autorisant le recours aux armes à feu contre les personnes migrantes à la frontière
Vendredi 26 juillet, les députés polonais ont voté en faveur d’une législation autorisant les forces de l’ordre, en particulier celles présentes à la frontière avec la Biélorussie, à avoir recours à la force, et notamment à tirer avec leurs armes contre les personnes migrantes qui tenteraient de traverser la frontière. Les autorités pourront donc agir en toute impunité si elles considèrent que la situation représente une« menace à la sécurité nationale ou à la sécurité d’une personne ». La Pologne accuse la Russie et la Biélorussie d’envoyer des personnes exilées à la frontière comme tactique de « guerre hybride ». La loi doit être encore promulguée par le chef de l’État pour entrer en vigueur.
Demande d’une révision de la politique européenne afin de pouvoir éloigner des ressortissants Syriens vers leur pays
Huit États Membres ont appelé le Haut Représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, à « revoir » et « évaluer » l’approche de l’Union européenne vis-à-vis de la Syrie, notamment afin de rendre les éloignements des ressortissants syriens de nouveau possibles. Il s’agit de l’Autriche, de la Croatie, de Chypre, de la Grèce, de l’Italie, de la République tchèque, de la Slovaquie et de la Slovénie. Les ministres des Affaires étrangères de ces huit pays ont déclaré que leur « objectif [était] de mettre en place une politique à l’égard de la Syrie plus active, axée sur les résultats et opérationnelle ». Parmi les 10 points proposés pour discussion, la création de conditions pour le retour des personnes migrantes en Syrie est incluse, malgré la dangerosité de la situation du pays.
Irlande : menaces et violences croissantes envers les personnes exilées
Le 20 juillet, une usine réaménagée pour héberger des demandeurs d’asile a fait l’objet d’une tentative d’incendie criminel à Dublin après le rassemblement d’un groupe de 1 000 personnes brandissant des pancartes « Irish Lives Matter » et « Irish People » sur les lieux. Cette attaque est survenue seulement quelques jours après une altercation violente ayant opposé des manifestants anti-migrants avec la police sur les mêmes lieux, ainsi qu’après l’agression dans le centre de Dublin de 15 demandeurs d’asile par un groupe de personnes armées de couteaux et de tuyaux. La crise du logement et du pouvoir d’achat que connaît l’Irlande alimente un certain ressentiment de la population envers les nouveaux arrivants, qu’instrumentalise l’extrême-droite pour nourrir le rejet et la violence envers les personnes migrantes.
Appels à une aide européenne accrue pour lutter contre la migration irrégulière
Le Forum transméditerranéen sur les migrations a eu lieu le 17 juillet à Tripoli, en Libye, avec 28 représentants d’États européens et africains, pour discuter notamment de la lutte contre la migration irrégulière. Les pays européens demandant de manière constante aux pays tiers une collaboration à ce sujet, la Première ministre italienne ainsi que le Premier ministre maltais ont déclaré que la stratégie de lutte contre la migration irrégulière devait nécessairement contenir mesures portant sur les pays d’origine. Certains représentants nord-africains, notamment la Libye et la Tunisie, ont alors appelé à une augmentation de l’aide financière pour les aider à lutter contre le flux migratoire vers l’Europe. Le Premier ministre tunisien a affirmé que « l’aide fournie [était] insuffisante pour traiter le problème ».
Grèce : conditions de vie « inhumaines » dans les camps
Le 12 juillet, le Comité anti-torture du Conseil de l’Europe a publié un nouveau rapport sur les conditions de vie des personnes migrantes dans les camps en Grèce. Mauvais traitements, épidémies et manque de nourriture font partie des nombreux problèmes soulevés. Le Comité exhorte les autorités grecques à améliorer les conditions de vie pour que les personnes soient traitées avec « dignité et humanité ». Ces mauvais traitements ont été dénoncés à plusieurs reprises par le Comité anti-torture, ainsi que par différentes ONG.