La situation en Méditerranée : où est la boussole ?
L’année 2018 nous aura donné trois lectures européennes de la situation en Méditerranée.
Paradoxalement, la plus proche des valeurs européennes est venue des Nations unies, avec la proposition HCR-OIM d’un « mécanisme régional de débarquement », dans le but, non atteint à ce jour, d’organiser l’accueil des migrants secourus en mer. Nous avons soutenu, en juillet, cette initiative, d’esprit pragmatique, destinée à sauver les secours en mer au moment où on en a le plus besoin.
Presque à l’opposé, la lecture des États membres de l’UE, exprimée dans les conclusions du Conseil européen de juin, et caricaturée, peut-être, dans la « vision » de la présidence autrichienne diffusée en septembre, est qu’il faut faire face aux flux migratoires transméditerranéens en revenant au principe que « les réfugiés n’ont pas droit à une migration illimitée ». L’accueil doit être sélectif, réservé aux plus vulnérables ; la « solidarité » des États européens se manifestera en priorité en amont de leur arrivée en Europe.
Enfin, c’est encore la situation en Méditerranée, réelle, déformée ou fantasmée, qui semble avoir guidé l’expression anxieuse des opinions publiques des pays européens « d’accueil », dans toutes leurs élections de l’année.
À six mois des prochaines élections européennes, ce n° 2 de notre magazine « Vues d’Europe » se veut une contribution à la connaissance et à l’analyse, et à ce que la question de l’accueil des migrants soit posée en termes raisonnés. C’est ainsi que les associations impliquées dans l’accueil, comme la nôtre et tant d’autres en Europe, pourront, par leur réflexion et leur action communes, peser sur le débat.
Thierry Le Roy
Président de France terre d’asile