Combien de personnes migrantes ont été renvoyées en Libye depuis que des accords ont été conclus avec l’Italie et l’UE en 2017 ?
Votre réponse : 82 000Soutenues par l’Union européenne (UE), l’Italie et la Libye ont convenu, le 2 février 2017, d’un protocole d’accord visant à intercepter et prévenir les départs de migrants des côtes libyennes pour ainsi « endiguer les flux en direction de l’UE ». La coopération a été formalisée à l’échelle européenne via la « Déclaration de Malte », adoptée par le Conseil européen à La Valette le 3 février 2017.
Après cinq années de coopération, le bilan est alarmant : Amnesty International a fait état d’au moins 82 000 migrants renvoyés en Libye après avoir été interceptés en mer Méditerranée depuis la signature de ces accords. Selon l’organisation humanitaire Oxfam, près de 20 000 personnes interceptées par les garde-côtes libyens en 2021 sont portées disparues et ont vraisemblablement été placées dans des centres de détention contrôlés par des trafiquants ou des milices locales.
Alors que les exactions perpétrées à l’encontre des migrants en Libye sont connues et largement documentées par les organisations de la société civile, l’accord entre l’Italie et la Libye a pourtant été renouvelé en février 2020 pour trois ans, soit jusqu’en février 2023. Il sera reconduit tacitement pour trois ans supplémentaires en l’absence d’avis contraire d’une des parties d’ici novembre prochain. À ce titre, les organisations humanitaires appellent à la révocation de l’accord, dénonçant la responsabilité de l’UE et des États membres qui « continuent d’alimenter un système d’exploitation, d’extorsion et d’abus contre des milliers de personnes qui veulent demander l’asile ».
Pour autant, un rapport confidentiel du Service européen pour l’action extérieure, dévoilé le 25 janvier dernier, indique que l’UE compte poursuivre sa coopération avec la Libye, même si les autorités reconnaissent que les autorités libyennes font « un usage excessif de la force » et que les divisions internes du pays rendent difficile l’obtention d’un soutien politique « pour faire respecter les droits de l’Homme, et en particulier [ceux] des migrants en situation irrégulière ».